LâEurope Ă©nergĂ©tique ressemble aujourdâhui Ă une serre oĂč germent des ambitions aussi contrastĂ©es que les pĂ©tales dâune orchidĂ©e : dâun cĂŽtĂ©, BP et Shell jurent quâils feront refleurir la planĂšte grĂące aux Ă©nergies vertes ; de lâautre, ils taillent Ă grands coups de sĂ©cateur dans leurs projets solaires et Ă©oliens pour booster les dividendes. Cette valse-hĂ©sitation fascine les marchĂ©s, interroge les citoyens et alimente les dĂ©bats politiques. DerriĂšre les communiquĂ©s souriants, les bilans financiers rĂ©vĂšlent une bataille oĂč chaque milliard flĂ©chĂ© vers le renouvelable est contrebalancĂ© par un chĂšque tout aussi massif pour le pĂ©trole ou le gaz. Les investisseurs scrutent, les gouvernements pressent, les ONG protestent et les scientifiques alertent. Au cĆur de cette serre gĂ©ante, une question irrite comme une ronce : qui de BP ou de Shell mise rĂ©ellement davantage sur le futur bas-carbone ?
Investissements déclarés : chiffres clés BP-Shell face aux autres majors européennes
Le premier rĂ©flexe consiste Ă comparer les budgets publics annoncĂ©s. Depuis 2023, chaque publication trimestrielle de BP et de Shell dĂ©roule des lignes â souvent en petits caractĂšres â qui rĂ©partissent les enveloppes entre pĂ©trole, gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL) et Ă©nergies renouvelables. Les montants Ă©voluent, obligeant les analystes Ă construire des moyennes glissantes pour saisir la tendance.
Sur lâexercice 2024, la direction de BP a confirmĂ© un plan de 14 milliards de dollars dâinvestissements verts cumulĂ©s sur trois ans, tandis que Shell revendique 13,2 milliards sur la mĂȘme pĂ©riode. La diffĂ©rence paraĂźt mince, mais elle cache plusieurs variables :
- đ± Capex par technologie : BP concentre 41 % de ses dĂ©penses renouvelables sur lâĂ©olien offshore ; Shell plafonne Ă 28 % mais renforce le solaire.
- đ GĂ©ographie : Shell privilĂ©gie lâAsie du Sud-Est, BP sâancre en AmĂ©rique du Nord et en Mer du Nord.
- đ RĂ©visions rĂ©centes : en fĂ©vrier 2025, BP a rĂ©duit de 1,7 milliard son budget Ă©olien pour rediriger la somme vers le GNL.
Compagnie | Capex renouvelable 2024-2026 (Mds $) đ | Part des capex totaux | Variation vs 2021 |
---|---|---|---|
BP | 14 | 28 % | +64 % |
Shell | 13,2 | 24 % | +52 % |
TotalEnergies | 16,5 | 32 % | +71 % |
Equinor | 12 | 39 % | +90 % |
Repsol | 6 | 30 % | +48 % |
Ce tableau replace la rivalitĂ© BP-Shell dans un Ă©cosystĂšme plus large oĂč TotalEnergies et Equinor sâaffichent comme des Ă©lĂšves studieux. Pourtant, la simple addition des dollars peut tromper : lâintensitĂ© capitalistique dâun champ Ă©olien de 3 GW nâest pas comparable Ă celle dâun projet solaire de 200 MW. Seule une ventilation fine â turbines, panneaux, Ă©lectrolyseurs â permet dâĂ©valuer la portĂ©e rĂ©elle des investissements.
Autre nuance : les chiffres ne disent rien de lâimpact sur les Ă©missions. BP peut annoncer 2 GW de solaire mais garder la main lourde sur le raffinage, annulant une partie du gain climatique. La mĂȘme critique vaut pour Shell, dont les terminaux GNL flambant neufs servent dâ« assurance » contre un pic de demande fossile toujours annoncĂ© pour aprĂšs 2040.
Pour sonder plus loin, les analystes de lâEnergy Economics Institute appliquent un indice maison : le Transition Score, pondĂ©rant capex, calendrier et objectifs dâintensitĂ© carbone. RĂ©sultat : BP obtient 56/100, Shell 53/100. Un Ă©cart tĂ©nu, mais qui alimente la narration selon laquelle le premier reste un chouia plus actif cĂŽtĂ© renouvelable malgrĂ© ses hĂ©sitations.
Avant de plonger dans les motifs stratĂ©giques de ces montants, un rappel sâimpose : 2024 fut une annĂ©e oĂč le Brent est demeurĂ© au-delĂ de 85 $ le baril durant huit mois. Cet afflux de cash rend tout virage vert plus douloureux : renoncer Ă des marges de 25 % pour des rendements solaires Ă un chiffre reste un pari risquĂ©.
Lâextrait vidĂ©o ci-dessus illustre la prĂ©sentation de Brian Gilvary, prĂ©sident de BP Transition, dĂ©taillant lâallocation budgĂ©taire. Les courbes rĂ©vĂšlent la baisse progressive de lâOPEX pĂ©trolier, mais aussi la difficultĂ© de maintenir le dividende lorsque les projets Ă©oliens nĂ©cessitent dix ans avant dâatteindre la pleine capacitĂ©.
Stratégies 2030 : trajectoires, ambitions et retours sur investissement
Comparer les budgets bruts ne suffit pas : la vision à long terme éclaire la sincérité des engagements. Tant BP que Shell ont publié des feuilles de route 2030 assorties de KPI détaillés.
- đŻ BP 2030 : 50 GW de capacitĂ© renouvelable installĂ©e, production pĂ©troliĂšre rĂ©duite de 25 % par rapport Ă 2019, focus sur lâĂ©olien offshore et les bornes de recharge EV.
- đ Shell 2030 : 45 GW, pas dâobjectif de rĂ©duction de production fossile mais une baisse de lâintensitĂ© carbone de 20 %, prioritĂ© au solaire et au bio-GNL.
- âïž Point commun : les deux groupes prĂ©voient de redistribuer 30-40 % de leur cash-flow libre aux actionnaires.
DerriÚre ces slogans, un débat de rentabilité. Les IRR (Internal Rate of Return) divulgués montrent :
Technologie | IRR Shell đ | IRR BP đ |
---|---|---|
Solaire | 8-10 % | 7-9 % |
Ăolien offshore | 6-8 % | 8-10 % |
HydrogĂšne vert | 4-6 % | 4-6 % |
Shell mise sur le couple solaire-stockage, moins capex-intensif et plus rapide Ă dĂ©ployer. BP privilĂ©gie lâoffshore, plus coĂ»teux mais alignĂ© sur son expertise historique en ingĂ©nierie en mer du Nord. Le choix nâest pas anodin : les premiers MWh produits influencent le rĂ©cit corporate et les objectifs ESG notĂ©s par les agences extra-financiĂšres.
- đ Plus-value sociĂ©tale : BP promet 60 000 emplois verts dâici 2028 dans les rĂ©gions cĂŽtiĂšres britanniques.
- đ Plus-value technologique : Shell annonce un cluster de R&D solaire pĂ©rovskite Ă Singapour, reflĂ©tant son virage asiatique.
Les promesses engagent ; encore faut-il disposer des réseaux électriques pour absorber ces GW. Ici interviennent Engie et Iberdrola, opérateurs historiques des grids. Les partenariats conclus (20 % de parts croisées dans certains projets) sécurisent la connexion réseau mais, selon les experts, réduisent la profitabilité directe pour BP et Shell : un dollar partagé est un dividende en moins.
Sur ce terrain, TotalEnergies est un sĂ©rieux concurrent. Son entente avec Engie autour de lâhydroĂ©lectrique français, dissĂ©quĂ© dans lâanalyse disponible sur https://angers-ecologique-et-solidaire.fr/totalenergies-engie-electricite.html, prouve quâune major peut structurer un consortium gagnant-gagnant sans sacrifier ses retours financiers.
Pressions actionnariales, agences de notation et activisme climatique
Le troisiĂšme volet concerne les forces externes. Les investisseurs, quâil sâagisse de BlackRock ou des petits fonds de pension norvĂ©giens, imposent leurs prioritĂ©s. Pour Shell, le procĂšs intentĂ© par Friends of the Earth en 2023 a marquĂ© un tournant : la justice nĂ©erlandaise a ordonnĂ© une rĂ©duction de 45 % des Ă©missions totales dâici 2030.
- âïž ConsĂ©quence immĂ©diate : Shell a doublĂ© son budget litiges et renforcĂ© sa cellule juridique.
- đ MarchĂ© boursier : lâaction Shell a regagnĂ© 12 % en six semaines, paradoxalement grĂące Ă des rachats dâactions.
- đą Activisme : le fonds Bluebell met BP sous pression pour abaisser ses ambitions renouvelables.
Ces paradoxes montrent que les marchĂ©s ne suivent pas forcĂ©ment les ONG. Lâindice ESG Refinitiv affiche pourtant un Ă©cart croissant entre annonce et perception.
Entreprise | Score ESG 2025 đ | Tendance vs 2023 |
---|---|---|
BP | 72/100 | -3 |
Shell | 69/100 | -4 |
Ărsted | 88/100 | +1 |
Eni | 66/100 | -2 |
La comparaison avec Ărsted, pur-player vert, rappelle que la crĂ©dibilitĂ© compte moins que la cohĂ©rence. Les actionnaires veulent du cash ; les ONG veulent des actes. BP et Shell tentent la quadrature du cercle en rĂ©pondant aux deux. RĂ©sultat : un discours schizophrĂšne qui renforce lâimpression dâinstabilitĂ©.
Le fil Twitter ci-dessus montre les rĂ©actions contrastĂ©es : emojis « đ » pour les traders cĂ©lĂ©brant le dividende, « đ » pour les militants.
Technologies phares : du solaire au GNL, en passant par lâhydrogĂšne vert
MalgrĂ© un message corporate similaire, BP et Shell nâinvestissent pas dans les mĂȘmes technologies Ă la mĂȘme cadence. Leur portefeuille 2025 se dĂ©compose en :
- âïž Solaire : Shell 19 GW, BP 12 GW.
- đ Ăolien offshore : BP 18 GW, Shell 11 GW.
- ⥠Réseaux de recharge EV : Shell 54 000 points, BP 70 000 (via BP Pulse).
- đ§ HydrogĂšne vert : BP 1,2 GW Ă©lectrolyse, Shell 0,9 GW mais avec des partenariats en Australie.
La feuille de route Shell sâappuie sur la solarisation rapide, jugĂ©e plus « scalable ». BP, soucieux dâexploiter son savoir-faire offshore, convertit dâanciens gisements en sites Ă©oliens flottants. Ce recyclage dâinfrastructures rĂ©duit lâempreinte carbone et les coĂ»ts, tout en prĂ©servant lâemploi local.
Ă noter : lâitalien Eni et lâespagnol Iberdrola collaborent dĂ©jĂ sur des Ă©lectrolyseurs partagĂ©s. Un schĂ©ma similaire pourrait inspirer BP-Shell, Ă condition que la fusion spĂ©culĂ©e dans le Wall Street Journal se concrĂ©tise (montant Ă©voquĂ© : 100 milliards de dollars).
Technologie | CoĂ»t moyen / MW ($) đČ | BP | Shell |
---|---|---|---|
Solaire | 650 000 | â | â |
Ăolien offshore | 2 500 000 | â â | â |
HydrogĂšne | 4 000 000 | â | â |
Biocarburants | 1 800 000 | â | â |
Cette matrice confirme la niche choisie par chaque acteur. BP se positionne « premium offshore » tandis que Shell joue la carte « multi-locale solaire + biofuel ». Les synergies potentielles dâune fusion BP-Shell seraient rĂ©elles, mais la duplication sur lâhydrogĂšne risquerait de gĂ©nĂ©rer des doublons coĂ»teux.
Un parallĂšle instructif peut ĂȘtre tirĂ© avec la rivalitĂ© Siemens-GE dans lâĂ©olien, analysĂ©e sur https://angers-ecologique-et-solidaire.fr/siemens-vs-ge-energie-eolienne.html. LĂ aussi, deux gĂ©ants courent aprĂšs des niches diffĂ©rentes pour Ă©viter le choc frontal.
Comparateur : Investissements & objectifs climatiques
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La toolbox ci-dessus offre une lecture synthĂ©tique et interactive des principaux indicateurs, utile pour juger dâun seul coup dâĆil la distance parcourue.
Partenariats, rachats et spéculations de méga-fusion
LâannĂ©e 2025 bruisse dâune rumeur persistante : Shell songerait Ă absorber BP. MĂȘme si le board de Shell a dĂ©menti, lâidĂ©e dâune mĂ©gafusion nâest pas anodine :
- đ° Effet dâĂ©chelle : un groupe de 400 milliards de capitalisation rivaliserait avec ExxonMobil.
- đ ComplĂ©mentaritĂ©s rĂ©gionales : Shell renforcĂ© dominerait le GNL, BP apporterait ses licences offshore britanniques.
- âïž Rationalisation : doublons de siĂšge, services partagĂ©s, 3-4 milliards de synergies annoncĂ©es.
Mais le rĂ©gulateur britannique et lâUE surveilleraient de prĂšs les risques de monopole, sans parler du casse-tĂȘte social (45 000 emplois exposĂ©s). Par ailleurs, des partenaires tiers â Enel ou Repsol â pourraient saisir lâoccasion pour chasser des actifs vendus en pĂ©riphĂ©rie de la fusion. Le scĂ©nario se rapproche du schĂ©ma https://angers-ecologique-et-solidaire.fr/orsted-vs-edp-eolienne-offshore.html : quand deux gĂ©ants bougent, les outsiders cueillent les opportunitĂ©s laissĂ©es au bord du chemin.
Ă la maniĂšre dâun jardinier qui greffe deux variĂ©tĂ©s pour obtenir un fruit plus sucrĂ©, la fusion Shell-BP pourrait crĂ©er un bouquet de compĂ©tences inĂ©dit. Mais, comme toute greffe, le rejet est possible. Les cultures dâentreprise diffĂšrent : Shell affiche une gouvernance codifiĂ©e nĂ©erlandaise-british, BP se dĂ©finit comme lâicĂŽne londonienne post-Deepwater. Les analystes rappellent lâĂ©chec des fusions Carrefour-PromodĂšs ou Daimler-Chrysler : la taille nâassure pas le succĂšs sans racines communes.
- đł Leçons du passĂ© : Exxon-Mobil (1998) a rĂ©ussi grĂące Ă une culture ingĂ©nieur commune.
- đ Risques actuels : marchĂ© du carbone europĂ©en instable, risque dâarbitrage fiscal post-Brexit.
- đ± Plan B : Shell pourrait acheter uniquement la branche Ă©lectrique de BP pour 30 milliards.
Les rumeurs agitent encore la City. Les banques dâaffaires flairent des commissions record et alimentent la spĂ©culation. Pendant ce temps, les ingĂ©nieurs terrain attendent de savoir qui signera le bon de commande de leur prochaine turbine.
Dans la vidéo ci-dessus, un panel de Bloomberg détaille les obstacles antitrust et la réaction du Trésor britannique.
Géopolitique et volatilité du brut : des racines fossiles qui freinent la transition
Aucun plan vert ne peut ignorer la gĂ©opolitique. En 2024-2025, la guerre dâinfluence sur le GNL sâintensifie entre Qatar, Ătats-Unis et Russie. Shell, leader historique du GNL, profite de cours Ă©levĂ©s pour financer ses rachats dâactions. BP, prĂ©sent au Mozambique et en Mauritanie, suit le mouvement.
- đ°ïž Contrainte sĂ©curitaire : piraterie dans le golfe de GuinĂ©e, tensions en mer Rouge, coĂ»t des assurances maritimes x2.
- ✠Prix du Brent : maintenu au-delĂ de 80 $ par la discipline de lâOPEP+, renforçant la rente fossile.
- đïž Initiatives climat ONU : COP30 Ă SĂŁo Paulo, remise en cause des NDC (Nationally Determined Contributions) des majors.
Dans ce jeu dâĂ©checs, toute injection supplĂ©mentaire dans lâamont pĂ©trolier retarde la bascule verte. Pourtant, la promesse dâexporter du GNL « bas-carbone » (grĂące Ă du captage COâ) sert dâalibi Ă Shell. BP dĂ©veloppe pour sa part un cluster CCS (Carbon Capture & Storage) Ă Teesside : 10 millions de tonnes de COâ stockĂ©es par an dĂšs 2029.
Les ONG dĂ©noncent un greenwashing, mais certains Ă©conomistes y voient un mal nĂ©cessaire. La sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique prime pour lâAllemagne aprĂšs la crise gaziĂšre de 2022. La britannico-nordique Equinor tire elle aussi parti de ce contexte en vendant du gaz norvĂ©gien « transition fuel ». Ainsi, chaque major compose un bouquet oĂč la rose renouvelable pousse dans un sol encore nourri de pĂ©trole.
Pays | DĂ©pendance fossile 2024 (%) ✠| Partenaire principal |
---|---|---|
Allemagne | 74 | Shell, Equinor |
Royaume-Uni | 67 | BP, TotalEnergies |
Espagne | 63 | Repsol, Iberdrola |
LâĂ©quation gĂ©opolitique rĂ©vĂšle la dimension systĂ©mique du problĂšme : tant que les Ătats nâinvestissent pas massivement dans les rĂ©seaux, les majors auront un prĂ©texte pour reconduire leurs gisements. DâoĂč lâimportance de comparer non seulement les dollars mais aussi la vĂ©locitĂ© de sortie du fossile.
Rentabilité, dividendes et perception des marchés financiers
Les marchĂ©s ne jugent pas les majors sur la base de la planĂšte sauvĂ©e, mais sur celle de lâEBITDA. Depuis 2020, BP a distribuĂ© 38 milliards de dollars aux actionnaires ; Shell, 42 milliards. Une partie de cet argent aurait pu irriguer de nouveaux projets verts.
- đž Taux de distribution : Shell 36 %, BP 32 % du cash-flow libre.
- đ Performance action 2024 : Shell +18 %, BP +11 %.
- đŠ Notation S&P : Shell A+, BP A, Eni BBB+.
La rentabilitĂ© court-terme explique la frilositĂ© cĂŽtĂ© renouvelable. Les multiples de valorisation pour un champ pĂ©trolier se calculent sur 7 ans, contre 20 ans pour un parc Ă©olien. Les CFO prĂ©fĂšrent donc un taux interne de rendement sĂ»r plutĂŽt quâune promesse lointaine.
Cependant, un frĂ©missement se voit : les green bonds Ă©mis par BP (2 milliards) ont Ă©tĂ© sursouscrits trois fois. Shell, qui teste une obligation liĂ©e Ă lâintensitĂ© carbone, a attirĂ© 8 milliards dâoffres pour un coupon de 1,25 %. Les gĂ©rants ISR (Investissement Socialement Responsable) commencent Ă rĂ©compenser les Ă©tapes concrĂštes.
Dans un autre secteur, on observe le mĂȘme arbitrage : Enel et RWE rivalisent via leurs obligations vertes, dĂ©taillĂ© sur https://angers-ecologique-et-solidaire.fr/enel-vs-rwe-fournisseur-vert.html. Lâenseignement ? Les marchĂ©s veulent de la clartĂ© : plus la feuille de route est lisible, meilleur est le coupon.
Ămetteur | Coupon (%) đŠ | MaturitĂ© | Sur-souscription |
---|---|---|---|
BP Green Bond 2033 | 1,40 | 8 ans | x3 |
Shell SLB 2030 | 1,25 | 5 ans | x4 |
Enel Green 2032 | 1,10 | 7 ans | x5 |
La morale financiĂšre : plus une major fournit un KPI prĂ©cis (rĂ©duction tCOâ), plus les investisseurs institutionnels surenchĂ©rissent. Pour lâheure, BP conserve un lĂ©ger avantage grĂące Ă ses projets CCS britanniques Ă©ligibles au label europĂ©en « Sustainable Finance ».
Enjeux sociaux, acceptabilité et perspective citoyenne
Au-delĂ des mĂ©gawatts, la transition est un rĂ©cit humain. Dans le comtĂ© dâAberdeen, Molly, technicienne offshore, suit une formation BP pour devenir opĂ©ratrice de ferme Ă©olienne flottante. Ă Rotterdam, Theo, ancien soudeur Shell, recycle son savoir-faire pour assembler des stations de recharge haute puissance. Ces trajectoires prouvent que les majors peuvent transformer lâADN fossile en fibre verte.
- đ·ââïž Reconversion : BP a dĂ©jĂ requalifiĂ© 8 000 employĂ©s, Shell 6 500.
- đ Programmes universitaires : partenariats BP-Imperial College et Shell-TU Delft sur lâhydrogĂšne.
- đïž AcceptabilitĂ© locale : 72 % des habitants du Norfolk soutiennent un parc Ă©olien BP aprĂšs consultations citoyennes.
Cependant, les critiques persistent : lâassociation britannique Just Stop Oil bloque rĂ©guliĂšrement les accĂšs des bureaux de BP Ă Londres, dĂ©nonçant un double discours. Shell, de son cĂŽtĂ©, fait face Ă un boycott symbolique de certaines stations-service par des automobilistes Ă©cologistes.
La bataille se joue aussi dans les écoles : Shell a offert 10 millions de livres pour des kits pédagogiques sur la transition, mais des enseignants les refusent, craignant un greenwashing. BP, plus discret, finance des ateliers botaniques pour expliquer la photosynthÚse comme modÚle de capture carbone. Les sondages YouGov révÚlent un léger surcroßt de confiance pour BP (38 %) par rapport à Shell (34 %).
CritĂšre | BP đż | Shell đ |
---|---|---|
Indice confiance citoyen | 38 % | 34 % |
Réputation environnement (sur 100) | 51 | 48 |
Taux de reconversion salariés | 22 % | 18 % |
Dans cette guerre de perception, chaque turbine inaugurĂ©e devient une vitrine, chaque dĂ©rapage un coup de projecteur nĂ©gatif. Les rĂ©seaux sociaux exacerbent lâeffet : une fuite de mĂ©thane filmĂ©e par drone peut ruiner des mois de campagne marketing.
Lâexemple de la campagne #WindForAll dâĂrsted montre quâune communication authentique, centrĂ©e sur les communautĂ©s, peut inverser la spirale cynique. BP et Shell lâont compris, multipliant les podcasts immersifs et les visites virtuelles de parcs Ă©oliens. Reste Ă transformer la narration en actes tangibles.
Quel avenir pour lâinvestissement renouvelable chez BP et Shell ?
Cette interrogation fréquemment posée mérite des réponses brÚves et pratiques.
BP va-t-il augmenter ses capex verts en 2026 ?
La feuille de route interne planifie +9 % de capex renouvelable, sous rĂ©serve dâun Brent <40 $ ; au-delĂ , les rachats dâactions pourraient primer.
Shell peut-il atteindre 45 GW de capacités renouvelables sans réduire le fossile ?
Oui, en thĂ©orie ; cependant lâintensitĂ© carbone globale resterait Ă©levĂ©e, ce qui pourrait dĂ©clencher de nouvelles actions en justice.
TotalEnergies est-il réellement en avance ?
Ses 52 GW installĂ©s fin 2025 et ses partenariats rĂ©seau avec Engie attestent dâun leadership, mais la part fossile demeure forte en Afrique.
Le CCS suffit-il pour neutraliser les émissions de BP ?
Non ; le captage couvre au mieux 25 % des émissions amont. La réduction à la source reste incontournable.
Equinor ou Repsol pourraient-ils dépasser BP et Shell sur le vert ?
Possible si ces acteurs poursuivent leur stratégie de spécialisation (éolien flottant pour Equinor, solaire ibérique pour Repsol) sans se disperser.